Victor Labat : Un pilier qui sait de quoi il parle...
Victor Labat est de ces coachs typiquement calibrés pour la fédérale 1, en bon adepte de certaines vertus ancestrales héritées d’un rugby amateur, (que les moins de 20 ans ne peuvent connaître) tout en maniant la quête de l’excellence nécessaire dans le rugby semi Pro contemporain. Pour le co entraîneur avec Olivier Argentin de l’USSS, la zone d’expression que nous lui avons donner lors de notre grand débat sur le devenir de la Fed1, ne fut pas utilisée à développer des hypothèses, mais plutôt à pragmatiquement constater l’impasse sanitaire où se retrouve le sport français et l’ovalie en général. L’ex joueur de Provence Rugby, était quelques heures avant l’officialisation de la suspension provisoire des compétitions en fédérale 1, fort malheureux pour ses joueurs, qui risquent encore de vivre une saison vraisemblablement tronquée de son graal et du piment d’une carrière: les playoffs. Victor Labat espère ardemment une chose , que le prisme sportif reprenne le leadership sur celui financier.
Victor, comment est-ce que tu vis ça ? On entend Éric Bonachera (Co Pdt SJLO) parlait de génération sacrifiée avec ces deux saisons qui vont être tronquées quoi qu’il arrive. Tu corrobores, pour toi et pour Saint-Sulpice, c’est un nouveau coup de massue ?
VL (USSS) : Oui, c’est effectivement un nouveau coup de massue. Aujourd’hui, nous sommes dans l’interrogation totale, les informations mettent du temps à arriver donc, nous sommes toujours obligés de nous adapter au quotidien. Ça devient très compliqué en tant qu’entraineur mais surtout pour les joueurs et le club. A aujourd’hui, on pense surtout aux jeunes qui ne pourront pas avoir la joie des phases finales mais il faut aussi y ajouter les générations vieillissantes qui, pour certains, ont refait une saison pour terminer comme il se doit. Moi, malheureusement, j’ai beaucoup de joueurs qui n’auront pas la possibilité de terminer leurs cursus sportifs de la plus belle des manières. Je suis vraiment désolé pour eux autant que pour les jeunes.
Victor, est-ce qu’à Saint-Sulpice, on a eu l’impression que la Nationale passait avant la Fédérale 1 ?
VL (USSS) : Non, absolument pas. Je crois qu’il y a des priorités, elles ne sont pas les mêmes pour la Nationale et pour l’ensemble du rugby professionnel. Il faut savoir prioriser et comme le disait mon collègue de Saint-Jean de Luz, c’est effectivement une situation qui est inédite. Il y a des choses dont on aimerait qu’elles aillent plus vite mais je ne sais pas si nous avons les compétences et la visibilité sur le futur. Aujourd’hui, c’est quelque chose que nous ne maîtrisons pas et nous sommes un peu comme Saint-Jean, nous avons certaines doléances au niveau de Saint-Sulpice qui sont peut-être le financement de ces pertes. Continuer, pourquoi pas, il faudrait demander à mes dirigeants, si les dirigeants de la Fédération appellent, les clubs sauront expliquer leurs doléances qui, je pense, seront un peu les mêmes que celles de mes confrères. Jouer à huis-clos, pourquoi pas ? Je me place du côté sportif et clairement, j’ai envie de jouer comme l’ensemble de mes joueurs. Est-ce que les solutions prises seront les bonnes, je ne sais pas, nos responsables prendront les décisions.
Surtout qu’un match à huis-clos à Saint-Sulpice n’a rien à voir avec un match avec les gradins pleins car on connaît la valeur du 16e homme à Saint-Sulpice ?
VL (USSS) : Oui, au même titre que beaucoup d’autres équipes, pas que chez nous. Si on se place en tant qu’entraineur ou que dirigeant, il est sûr que l’on s’appuie énormément sur cette ferveur populaire que l’on a.
Victor, tu sens qu’actuellement, on est à un tournant de ton sport, qu’il y a quelque chose qui est en train de changer ?
VL (USSS) : Non, pas du tout. Si je ne dis pas de bêtise, Arnaud (Vercruysse manager ASBC) m’entraînait il y a 10 ans à peu près et nous étions déjà à peu près dans cette logique, c’est à dire semi-amateur avec des gens qui travaillaient et d’autres qui vivaient du rugby. Moi, personnellement, j’ai joué très longtemps dans cette division, je n’en ai jamais souffert, j’ai été des deux côtés et il y a du bon dans les deux. Aujourd’hui, tu enlèves un peu l’aspect sportif, il y en a qui ont le droit de rêver sportivement mais qui n’ont pas le droit, malheureusement, de rêver financièrement. Aujourd’hui, on parle de créer une ligue fermée avec des conditions financières et un cahier des charges financier à respecter. Aujourd’hui, on ne fait que parler d’une équipe première, d’une équipe fanion, ce qui est normal parce que c’est la vitrine mais on n’arrive pas à avoir des cadets et des juniors à un niveau national. Donc, je pense que c’est un ensemble et je suis un peu sceptique concernant les volontés de certains clubs, il n’y a pas qu’une équipe première en Fédérale 1, c’est un ensemble et c’est un club avant tout.
Victor, il ne t’arrive pas de rêver la nuit du stade de Saint-Sulpice plein, avec une 3e mi-temps à l’ancienne ? Ca fait maintenant plus d’un an que tu n’en as pas vu une, ça doit te manquer dans tes songes la nuit ?
VL (USSS) : Oui, ça me manque mais on s’adapte (rires). Ces derniers temps, nous nous sommes adaptés ces derniers temps et on a pu quand même un peu profiter. Pour finir, ça laisse venir quelques semaines compliquées mais au final, il y a quand même la compétition, comme l’a dit Arnaud Vercruysse, le principal est de jouer, de jouer notre sport. Peut-être que cette période un peu difficile, notamment économiquement, va amener une certaine façon de penser à nos joueurs. Depuis quelques années, le premier aspect pour recruter est avant tout financier mais je pense que cette période va peut-être ramener le sportif avant le financier et la chose principale, celle pour laquelle on joue à ce sport, c’est avant tout le plaisir. C’est un sport qui est difficile quand on joue l’hiver dans des conditions compliquées mais on a avant tout choisi ce sport pour quelque chose. Et je pense que cette période va peut-être amener les joueurs de la jeune génération à penser différemment, je l’espère et même en tant qu’entraineur. Ce que je veux, c’est que des décisions soient prises rapidement et avec Olivier Argentin, avec qui j’entraîne, nous prendrons des décisions, on s’adaptera et nous ferons en sorte d’être compétitifs dès la semaine prochaine à La Seyne-sur-Mer ou au mois de Janvier sur un prochain déplacement, il n’y a aucun problème.
Propos recueillis par Loïc Colombié
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